Les stages en altitude ont la côte chez les sportifs. L’intérêt des stages en altitude s’est surtout développé à partir des années 60.
Classiquement, on décrit un stage en altitude en trois phases : acclimatation, entraînement et récupération.
« Confronté au manque d’oxygène, le corps a appris à faire des économies dont on tire évidemment profit lorsqu’on revient au niveau de la mer »
L’ACCLIMATATION : Cette phase commence dés que l’on arrive sur place. Son objectif consiste à s’habituer aux nouvelles conditions de vie, notamment, les baisses de pression barométrique (100 pascals pour 8 mètres) et de température (- 1 degré par tranche de 200 mètres).
Contrairement à ce que l’on peut entendre très fréquemment, ce n’est pas la concentration de l’air en oxygène qui change mais l’air lui-même qui devient plus rare.
Dans un premier temps, il convient de lever le pied, étape essentielle pour la réussite du stage.
Pas trop d’entraînement mais en revanche on peut se balader. Pensez à boire beaucoup d’eau pour compenser les pertes hydriques liées à un air plus sec. Cette première période dure entre sept et dix jours.
L’ENTRAINEMENT : Cette phase dure entre deux et trois semaines. A la fin de la première semaine, on augmente progressivement le volume d’entraînement de façon à atteindre ses niveaux habituels. Une semaine plus tard, on augmente aussi l’intensité des efforts. Sur la fin, on doit réellement faire des entraînements très durs pour déclencher le processus métabolique
LA RECUPERATION (ou le retour en plaine) : Elle commence par du repos (deux jours environ).
Les athlètes témoignent d’une première période positive comprise entre les jours 2 et 4 qui suivent le retour en plaine. C’est le moment le plus favorable dans l’optique d’un record.
Une analyse statistique rigoureuse a permis de dire qu’une seconde phase d’adaptation négative qui s’étale sur la semaine complète après le 5ème jour (jambes lourdes,….)
Après on se sent de mieux en mieux, certains passent même par un pic de forme entre les jours 15 et 28.
Au fil des années, on a expérimenté différents stages en altitude que l’on connaît d’après leurs initiales (LHTH – LHTL – LLTH). Encore faut-il savoir de quoi il s’agit.
1/ LHTH : « Live High, Train High » ou « vivre haut, s’entraîner en haut”
L’intérêt pour ce type de stage date des jeux de Mexico (1968) qui se sont déroulés à 2300 mètres d’altitude. Il s’agit de s’entraîner dans le but de rester performant dans un air raréfié (- 30%). Très vite, on a compris le rôle favorable de l’altitude, notamment sur l’oxygénation des tissus. Le seul problème résulte d’une organisation gestuelle qui risque de pâtir du fait que l’athlète ne peut tourner à plein régime.
Le manque d’oxygène entraîne une baisse de l’intensité des entraînements et une détérioration de la puissance musculaire et aérobie.
2/ LHTL : « Live High, Train Low » ou “vivre en haut, s’entraîner en bas »
Dans les années 90, les physiologistes ont eu l’idée de vivre et dormir dans des centres en montagne et redescendre chaque jour s’entraîner dans la plaine.
Les athlètes étaient transférés dans la vallée (en dessous de 1300 mètres) pour s’entraîner mais passer le reste de la journée en altitude (1800-2500 mètres).
Evidemment, cela faisait beaucoup de déplacements sur des routes en lacets, beaucoup de nausées, de fatigue…
Cette méthode aurait sans doute été abandonnée si la technologie lui avait offert une seconde vie.
Désormais, il est possible de simuler artificiellement les conditions que l’on rencontre en haute altitude. On part du principe qu’une altitude de 2500 mètres correspond à certains paramètres de pression partielle, d’une valeur seuil pour stimuler l’oxygénation des tissus.
On reproduit ces mêmes conditions artificiellement. Dans un centre d’entraînement dans le Jura (France), on peut disposer d’une vingtaine de lits qui accueillent régulièrement les équipes nationales françaises dans plusieurs sports d’endurance. Dans cette chambre est reproduit les mêmes conditions que l’on peut trouver à 2500 mètres.
Le séjour doit durer au moins trois semaines. Un minimum quotidien de 12 heures est un facteur clé à passer dans cette chambre, pour bénéficier des bienfaits de l’altitude.
En 2006, Levi Leipheimer (cycliste de l’équipe Astana, équipier de Contador et
Armstrong ) déclarait : « Ma femme et moi, nous dormons dans une chambre hypoxique avec nos trois chiens »
3/ LLTH : « Live Low, Train High » ou vivre en plaine, s’entraîner en altitude.
Cela peut se faire facilement pour ceux qui habitent des villes au pied des montagnes.
On doit recourir à nouveaux aux appareils de simulation de l’altitude pour s’entraîner : chambres hypoxiques, systèmes portables avec masque et bonbonne permettant à l’athlète d’inspirer des mélanges gazeux qui reproduisent les conditions rencontrées en altitude.
Par rapport aux deux méthodes précédentes, celle-ci n’a pas encore été beaucoup étudiée.
Les périodes d’exposition à l’hypoxie (manque d’oxygène) sont trop faibles. En revanche, des adaptations s’effectuent au niveau musculaire, comme une amélioration à l’acidose (lactates).
Les premières conclusions laissent penser que la méthode est peu efficace pour les sports d’endurance mais elle peut intéresser les athlètes des sports collectifs. Avec deux séances de 30 à 45 minutes par semaine à une altitude de 2500 mètres, il sera possible de pouvoir répéter des sprints aussi efficacement à la fin du match qu’au début.
Sources :
Sport et vie n° 115 juillet –août 2009, article « la guerre des initiales » de Grégoire Millet